Il est situé sous les falaises du St Eynard, sur les communes de Corenc et de Meylan, à une altitude de 471 m, sur des terrains d'une superficie de 44 161 m² qui coûtaient en 1875 : 44 423 F et qui jouxtent l'ancienne propriété du
Général Bourcet.

Ce dernier s'illustra particulièrement comme l'un des premiers géographes alpins. Il effectua le levé, de 1749 à 1754, de la première carte géométrique du Haut Dauphiné. C'est dans cette propriété qu'il termina sa vie. Il est donc normal de l'appeler fort Bourcet, en hommage à ce général, plutôt que de faire précéder ce patronyme d'un article.

Les études commencèrent par un avant-projet qui fut approuvé en mars 1873 et l'aval du comité des fortifications pour le projet définitif fut délivré en février 1875 et les travaux commencèrent en avril de cette même année.

Bien que son importance eut été incontestable, puisqu'il croisait ses feux avec le fort du Mûrier , c'est le plus petit des forts de protection des accès vers Grenoble.

Construit dans un site beaucoup plus serein que le fort du St Eynard qui pouvait éventuellement le protéger par des tirs de mortier, le fort Bourcet est constitué d'un seul ouvrage formé de trois parties de bâtiment et il supplée à sa petitesse par l'aménagement de nombreux emplacements de batteries.

L'ouvrage incontestablement de facture traditionnelle, construit en pierres calcaires argilo sableuses, comporte des murs porteurs supportant une couverture en terrasse constituée d'I.P.N. soutenant des voûtains avec chape de répartition et étanchéité d'asphalte, la toiture à l'épreuve avait reçu sa protection de terre. Construit sur un sous-sol, il ne comporte en rez-de-chaussée que des chambres de troupes, sous-officiers et officiers, puis un atelier du Génie, chambre du télégraphe, ateliers de chargement et magasins à vivre. Le sous-sol abritant un magasin à poudre et à munitions confectionnées.

Il n'y avait ni citerne d'eau, ni puits et l'alimentation en eau était assurée par une fontaine alimentée par une source qui pouvait subvenir aux besoins en eau. Aucun four à pain n'avait été prévu. Les rations étaient assurées à la garnison depuis la boulangerie de Grenoble.

Il n'était protégé par un fossé que du côté Ouest, les plongeants à l'Est étaient aménagés en emplacement de batterie, sur trois niveaux comportant chacune différentes orientations. Les canons pouvaient battre de leurs feux les abords de Biviers et de Meylan jusqu'à Domène. Croisant ses feux avec ceux du fort du Mûrier, il barrait ainsi toute la plaine du Grésivaudan.


Plan des ouvrages.

Façade du bâtiment "c" et pignon du bâtiment "b" avant
que ne soient entrepris les travaux de rénovation.

Plan des maçonneries.


Les travaux, qui occupèrent jusqu'à 200 ouvriers, se termineront en mai 1879 et son coût de construction, y compris l'aménagement des emplacements de batteries, a été de 757 000 F de 1875.

La garnison, qui en avait aussitôt pris possession, appartenait à l'artillerie de la XIVème division militaire et était composée de 296 soldats, 16 sous officiers et 10 officiers. En raison de la proximité de la ville, il n'y eut pas d'infirmerie. Quant à sa dotation en armement, elle semble avoir été particulièrement puissante puisqu'elle comportait :

17 canons de remparts - pièces de 155 ou de 120 ;
2 mortiers,
et les magasins à poudre pouvaient en recevoir 115 600 kg et ceux à munitions confectionnées : 816 480 cartouches.

L'artillerie l'occupa donc jusqu'à l'armistice en 1940, puis ensuite par l'armée italienne. Après l'abdication de l'Italie face aux armées alliées, les troupes allemandes l'occupèrent en 1943. Après la libération, il fut affecté au service du matériel qui l'utilisa comme dépôt. En 1955, une étude fut faite, afin de le transformer en P.C. d'opération, mais en raison de la faible protection qu'il offrait - protection contre les bombes conventionnelles et atomiques, non assurée - mais peut être aussi de l'estimation : 9 millions de 1955, le projet n'eut aucune suite.

Puis ne présentant plus d'intérêt, en tant qu'ouvrage militaire, il fut laissé à l'abandon et rayé de la liste des ouvrages militaires en 1963. Année au cours de laquelle il sera vendu à la commune de Corenc.

Pendant de nombreuses années, il fut occupé par des associations ou des particuliers qui finalement leur assurèrent une présence qui le protégea d'actes de vandalisme irrémédiables. Puis en 1980, une première tentative de réhabilitation fut entreprise par les architectes de la Société de travail temporaire R.M.O., mais en, raison de la disparition de cette société, cette tentative ne put être menée à sa fin.

Enfin en 1994, il a été confié par bail au mécénat de l'entreprise
"Entretien Immobilier" qui avait entrepris et parfaitement réussi la réhabilitation du fort du St Eynard.

En haut, façade et pignon des bâtiments "c" et "b" avant et après les travaux de réhabilitation.
En bas, façade et pignon du bâtiment "b" avant et après les travaux.



  Jean Azeau.
Compléments et mise en forme de S. Pivot.


 
 

 
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